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La Chine, pays le plus peuplé du monde, a vu sa population baisser pour la première fois en plus de soixante ans - Le Monde

Le taux de fécondité s’est écroulé en Chine à 1,15 enfant par femme en 2021. Ici, à Pékin, le 7 octobre 2022.

C’est du jamais-vu depuis six décennies : la Chine, pays le plus peuplé du monde avec 1,4 milliard d’habitants, soit un sixième des habitants de la planète, a vu sa population baisser en 2022.

En 2021, le nombre de naissances a été de 9,56 millions en Chine continentale, a annoncé, mardi 17 janvier, le Bureau national des statistiques (BNS). En parallèle, 10,41 millions de décès ont été recensés. La combinaison des deux phénomènes a produit une baisse de la population de 850 000 personnes.

Cette chute s’annonce durable, peut-être jusqu’à la fin du siècle, selon des démographes, ce qui affectera durement l’économie et le système de retraites. L’Inde devrait détrôner dès cette année la Chine en tant que pays ayant le plus d’habitants, avaient déjà annoncé les Nations unies (ONU).

Une baisse paradoxale

C’est une première depuis 1960-1961, lorsqu’une famine, commencée en 1959, avait causé des dizaines de millions de morts à la suite des erreurs de la politique économique du Grand Bond en avant. Ensuite, la population avait crû rapidement, doublant depuis les années 1960, pour dépasser 1,4 milliard aujourd’hui.

Paradoxalement, cette baisse survient malgré l’assouplissement de la politique de limitation des naissances ces dernières années. Il y a encore dix ans, les Chinois n’avaient le droit d’avoir qu’un enfant. Depuis 2021, ils peuvent en avoir trois.

Cette chute peut s’expliquer par l’augmentation du coût de la vie en Chine, tout comme celui de l’éducation d’un enfant. Le niveau d’études plus élevé des femmes les pousse à remettre à plus tard l’arrivée d’un enfant.

« Il y a aussi l’habitude désormais d’avoir des petites familles, en raison de la politique de l’enfant unique en vigueur pendant des décennies », déclare à l’Agence France-Presse (AFP) Xiujian Peng, chercheuse spécialiste de la démographie chinoise à l’Université de Victoria (Australie). L’envie d’avoir un enfant est également moins forte chez les jeunes générations.

Le démographe indépendant He Yafu note également auprès de l’AFP « la baisse du nombre de femmes en âge de procréer, qui a diminué de 5 millions par an entre 2016 et 2021 ».

Un taux de fécondité qui s’est écroulé

En 2019, les Nations unies (ONU) pensaient encore que la Chine n’atteindrait son pic de population qu’en 2031-2032. Mais depuis le taux de fécondité s’est écroulé à 1,15 enfant par femme en 2021, loin du seuil de renouvellement des générations (2,1). En France, il était de 1,8 en 2020.

« Le déclin et le vieillissement de la population (…) auront un impact profond sur l’économie chinoise, d’aujourd’hui à 2100 », prévient Xiujian Peng. « La baisse de la population active est synonyme de coût du travail plus élevé » et cela « affectera la compétitivité de la Chine sur le marché mondial », insiste-t-elle.

Selon les projections de son équipe, sans réforme du système de retraites, le paiement des pensions pourrait représenter 20 % du PIB en 2100 − contre 4 % en 2020. « La pression sur les actifs pour assurer les soins des personnes âgées sera croissante », avertit He Yafu.

De nombreuses autorités locales ont lancé des mesures pour inciter les couples à procréer. La métropole de Shenzhen (Sud) offre depuis quelques jours une prime à la naissance et des allocations versées jusqu’aux 3 ans de l’enfant. Un couple accueillant son premier bébé recevra 3 000 yuans (410 euros) ; 10 000 yuans (1 370 euros) pour le troisième. Au total, une famille avec trois enfants percevra 37 500 yuans (5 150 euros) de primes et allocations.

La province du Shandong, dans l’est du pays, offre 158 jours de congé maternité (60 de plus que la norme nationale), dès le premier enfant. La métropole de Changsha (Centre), qui limite les achats de logement pour enrayer la spéculation, autorise les couples à deux ou trois enfants à acheter un appartement supplémentaire.

« Recréer une véritable culture de la natalité »

Mais rien ne dit que ces mesures seront suffisantes pour relancer la natalité. « Il faudrait surtout [que le gouvernement] affirme clairement qu’il n’y a plus de limite aux naissances, afin de recréer une véritable culture de la natalité », affirme He Yafu. « Un ensemble complet de mesures couvrant l’accouchement, la parentalité et l’éducation est nécessaire pour réduire le coût de l’éducation d’un enfant », estime, de son côté, Xiujian Peng.

La population chinoise pourrait décliner chaque année de 1,1 % en moyenne, selon une étude de l’Académie des sciences sociales de Shanghaï dont les données ont été transmises à l’AFP. La Chine pourrait n’avoir que 587 millions d’habitants en 2100, soit moins de la moitié qu’aujourd’hui, selon les projections les plus pessimistes de ces démographes.

Le Monde avec AFP

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