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Dette de la SNCF : Macron et Le Maire précisent les intentions de l'Etat

Elle pèse près de 55 milliards d’euros. L’exécutif s’est engagé explicitement jeudi à reprendre une partie de la très lourde dette de la SNCF, a priori dès 2020. Une façon de lâcher du lest à la veille du troisième épisode de la grève des cheminots.

La dette « sera pour partie progressivement reprise à mesure que ces réformes se font », a déclaré le président Emmanuel Macron sur TF1. « Il faudra regarder les modalités techniques, mais à partir du moment où (la SNCF) deviendra une société telle que je l’ai définie à capitaux publics, elle ne (pourra) pas porter 50 milliards de dettes, donc l’Etat va dès le début en reprendre une partie », a-t-il précisé.

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Le gouvernement était jusqu’à présent resté assez vague, expliquant à plusieurs reprises qu’il prendrait « sa part de responsabilités avant la fin du quinquennat pour assurer la viabilité économique du système ferroviaire ».

La dette concernée est celle de SNCF Réseau, l’entité du groupe public chargée des infrastructures. Elle s’élevait fin 2017 à 46,6 milliards d'euros, et devrait avoir dépassé la barre des 50 milliards au 1er janvier 2020, date annoncée pour la naissance de la future version de la SNCF. Si on y ajoute le déficit de la branche Mobilités (7,9 milliards), l’endettement global du groupe SNCF s’élève à 54,5 milliards.

« Reprise progressive » de la dette

« S’il y a un accord sur la transformation de la SNCF, que la SNCF fait sa mue, devient plus compétitive et cesse d’être systématiquement déficitaire comme c’est le cas actuellement, l’Etat est prêt à faire un effort. A savoir, reprendre progressivement la dette de la SNCF », a confirmé le ministre de l’Economie Bruno Le Maire à Europe 1.

« Nous pensons que c’est une proposition juste et responsable », a-t-il ajouté, tendant la main aux syndicats : « d’un côté, les cheminots font un effort, ils permettent à la SNCF de rentrer dans la concurrence et d’instaurer la polyvalence des métiers […]. De l’autre côté, l’Etat fait un geste très important en reprenant progressivement cette dette qui empêche la SNCF de se développer. »

La reprise de la dette de la SNCF est un point de friction important entre l’exécutif et les syndicats de cheminots, qui ont appelé à de nouvelles journées de grève vendredi et samedi. Pour les syndicats, cette reprise doit être un préalable à toute réforme.

« D’abord réformer la SNCF »

« Le discours reste le même », insiste-t-on toutefois à Bercy. « Pour nous, la reprise de la dette ne peut pas être un préalable aux discussions : il faut d’abord réformer la SNCF. Ensuite, le gouvernement prendra ses responsabilités. »

La transformation de la SNCF en société anonyme, actée lundi soir par l’Assemblée nationale, exige de toute façon un désendettement. « Il faut une dette soutenable, et à partir du moment où on deviendrait une société anonyme à capitaux publics », il faudrait « un taux d’endettement […] très largement inférieur à celui qu’on a aujourd’hui », a relevé jeudi le PDG de SNCF Réseau, Patrick Jeantet, sur BFM Business.

Quant à savoir de combien il faut désendetter SNCF Réseau, le responsable a botté en touche : « ça, c’est des discussions. Chacun a son point de vue là-dessus. » Il s’agit selon lui « d’avoir un modèle financier soutenable qui ne recrée pas une dette supplémentaire dans le futur », le calcul dudit modèle devant prendre en compte les investissements prévus et les gains de productivité attendus dans l’entreprise.

Les lignes à grande vitesse constituent les deux tiers de la dette

La construction des lignes à grande vitesse représente grosso modo, selon la direction, les deux tiers de la dette de SNCF Réseau. Les importants efforts consentis depuis quelques années pour rénover le réseau continuent d’alourdir la facture, car ils sont en grande partie financés par de l’endettement supplémentaire. Et, au rythme prévu par le contrat de performance signé l’an dernier, cette dette dépassera les 62 milliards d'euros en 2026.

Pour le gouvernement, la reprise de la dette du groupe ferroviaire s’annonce cependant compliquée, au vu de l’état des finances publiques, plombées par une dette représentant près de 97 % du produit intérieur brut. Reprendre à son compte l’intégralité des 47 milliards d'euros impliquerait en effet pour l’Etat d’assumer une hausse de 2 points de son déficit public.

Même si élus et dirigeants de la SNCF se refusent à quantifier le désendettement nécessaire, des spécialistes du dossier évoquent volontiers une trentaine de milliards.

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