Chèque énergie contre chèque carburant. Entre les propositions du gouvernement ou de l’opposition, il y a de quoi s’y perdre. Pour aider les Français à faire face à la hausse du prix des carburants et du fioul, chaque camp avance des solutions différentes, malgré des appellations similaires. Mardi, au micro d’Europe 1, Emmanuel Macron a défendu sa politique et la récente hausse des taxes sur l’essence et le gasoil, au nom de l’écologie. "Le gouvernement ne se trompe pas, il va dans la bonne direction. On doit moins taxer le travail et davantage ce qui pollue."
Lire aussi - Carburants : ce qui fait monter les prix... et la colère
Sur fond de grogne des automobilistes, le président de la République a néanmoins cité deux mesures pour adoucir l’impact de cette hausse sur les foyers modestes : une aide au transport pour certains travailleurs et une extension du chèque énergie.
Une "aide au transport" de 20 euros par mois
Comment ça marche
Cette "aide au transport" est une idée qui vient du Nord. Cette promesse de Xavier Bertrand, président Les Républicains de la région Hauts-de-France, elle bénéficie à quelque 43.000 personnes dans la région depuis le 1er janvier 2018 (selon les chiffres du Conseil régional).
D’un montant de 20 euros par mois, elle est versée par la Région et s’adresse à ceux qui :
- travaillent à plus de 30 kilomètres de leur domicile ;
- n’ont pas d’autre choix que d’emprunter leur voiture, soit parce que les transports en commun n’existent pas, soit parce que leurs horaires de travail sont décalés ;
- ne gagnent pas plus de deux smic par mois (soit 2.307,64 euros net par mois).
Depuis mars 2016, la Région @hautsdefrance a mis en place une aide au transport de 240€ par an pour ceux qui sont obligés de prendre leur voiture pour travailler. 43.000 aides ont déjà été versées. Une aide qui ferait du bien à tous les Français !
➡️ https://t.co/Um6xiwaQ1ipic.twitter.com/CFF3PTZaye
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) 5 novembre 2018
Ce qui pourrait changer
Sur Europe 1, Emmanuel Macron a cité en exemple ce dispositif. "Je souhaite généraliser les aides pour ceux qui travaillent à plus de 30 kilomètres de leur domicile, comme dans les Hauts-de-France", a-t-il déclaré depuis Verdun (Meuse). "La philosophie, c'est un peu l'indemnité kilométrique".
Nouveauté : "cette aide sera défiscalisée", a-t-il ajouté. Le Président a également évoqué un travail "avec les collectivités locales et les employeurs pour aider ces gens-là".
Pas la même chose, donc, que le "chèque carburant" proposé dimanche par les députés Les Républicains Damien Abad et Guillaume Peltier. Le duo soutient l’idée d’un chèque de 100 euros distribué chaque mois aux "13 millions de Français de province" qui n’ont "pas accès aux transports en communs". "Un salarié au smic qui fait 50 kilomètres par jour perd l’équivalent d’un mois de salaire par an en essence", justifiait Damien Abad, élu de l’Ain.
Ce chèque carburant est différent sur deux points de l’aide au transport prônée par le Président :
- il fonctionnerait sur le modèle des tickets restaurants, abondé à la fois par les employeurs et les employés ;
- il s'adresserait à tous les Français qui travaillent loin de leur domicile, sans conditions de ressources.
En conséquence, ce dispositif coûterait très cher. 15 milliards d’euros, selon Marc Fesneau, ministre chargé des relations avec le Parlement. Damien Abad et Guillaume Peltier avançaient l’idée d’une "taxe exceptionnelle sur les sociétés d’autoroutes".
Sur LCI mardi matin, le ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a annoncé qu’il intégrerait cette aide au projet de budget 2019: "Dans les jours qui viennent, je ferai voter cette aide au Parlement."
Un chèque énergie augmenté, élargi et simplifié
Comment ça marche
Pas de chèque carburant côté gouvernement, mais un chèque énergie. Celui-là vise à épauler les Français modestes pour payer leurs factures d’énergie. Electricité, gaz, fioul… cette aide est attribuée automatiquement à 3,7 millions de ménages, sous conditions de ressources, depuis cette année, après un test dans quatre départements en 2016 et 2017.
Ce qui pourrait changer
"On ne peut laisser les gens alors que l’hiver commence dans une situation qui ne permet pas de se chauffer dignement", a soutenu Emmanuel Macron. C’est pourquoi il dit réfléchir à "comment améliorer le chèque énergie". Le projet de loi de finances 2019 prévoit déjà une augmentation du montant attribué. Il devrait atteindre 200 euros par an en moyenne, contre 150 euros aujourd'hui (soit une augmentation de 23% des crédits).
Sur LCI, le ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a avancé plusieurs pistes. Premièrement, ce chèque pourrait être élargi à certains ménages imposables, par exemple les contribuables payés "au smic". Egalement, le ministre estime qu’il faut simplifier cette aide, "très technocratique". En effet, il ne s’agit pas d’une aide versée sur le compte bancaire mais d’un chèque à déduire de sa tarification. Résultat, "560.000 Français" la reçoivent sans l’encaisser, affirme Gérald Darmanin.
Avec le ministre de la Transition écologique François de Rugy, il compte soumettre "cette semaine des propositions" au Premier ministre.
Une prime à la conversion étendue
Comment ça marche
Autre aide citée par le gouvernement : la prime à la conversion qui "marche bien", selon Emmanuel Macron, mardi. Elle concerne les automobilistes qui vendent leur vieille voiture diesel pour acheter un modèle moins polluant. En guise d’incitation, ils reçoivent 1.000 euros ; 2.000 euros pour les Français non-imposables.
Ce qui pourrait changer
Le gouvernement souhaite élargir ce dispositif, en faisant notamment appel aux constructeurs automobiles. Ces derniers pourraient verser une "surprime" à l’achat de certains véhicules plus propres.
"La prime à la conversion a rencontré un grand succès, se félicitait Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, au Parisien le 27 octobre. 250.000 ménages en bénéficieront en 2018, dont 70% pour des ménages qui ne paient pas d’impôt sur le revenu. Nous sommes prêts à encore améliorer le dispositif. Avec François de Rugy [le ministre de l’Ecologie], nous demanderons demain aux constructeurs automobiles de participer à la prime à la conversion. Elle devra être plus efficace et toucher plus de Français."
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Chèque énergie, aide au transport défiscalisée... on vous explique les propositions d'Emmanuel Macron"
Post a Comment