C'est un mouvement surprise et quasi-inédit en dehors de ses réunions traditionnelles. La Réserve fédérale a annoncé, mardi, une baisse des taux d'un demi-point (dorénavant entre 1 et 1,25 %) pour tenter de rassurer et limiter les conséquences de l'épidémie de coronavirus sur l'activité. « Les fondamentaux de l'économie américaine restent solides. Toutefois, le coronavirus fait peser des risques évolutifs sur l'activité économique », a justifié la Réserve fédérale dans un communiqué. La décision a été prise à l'unanimité des dix membres présents au comité de politique monétaire exceptionnel, organisé alors que la prochaine réunion n'était prévue que dans deux semaines.
« La baisse des taux ne va pas réduire le nombre d'infections », mais elle va contribuer à fluidifier les conditions financières et « améliorer la confiance » des entreprises, a expliqué le président de la Fed Jerome Powell, à l'occasion d'une conférence de presse organisée dans la foulée de l'annonce. Les marchés financiers ont toutefois mal réagi, plongeant dans le rouge pendant les déclarations du banquier central…
« Accomplir leurs mandats »
Sans vouloir préempter les réactions économiques des pays du G7 à l'épidémie, Jerome Powell a indiqué être « en discussion active » avec ses collègues banquiers centraux. Plus tôt dans la matinée, le président de la Fed avait participé à une réunion des sept grands pays. Le communiqué publié à l'issue, et qui n'avait guère convaincu les investisseurs, indiquait que les banquiers centraux s'engageaient à « continuer à accomplir leurs mandats », c'est-à-dire à « soutenir la stabilité des prix et la croissance économique tout en maintenant la résilience du système financier ».
Le mouvement de la Réserve fédérale était, ces derniers jours, devenu de plus en plus probable, selon les économistes de Bank of America. D'abord parce que « ce qui ressemblait à un simple choc d'offre suite de la rupture des chaînes d'approvisionnement devient maintenant aussi un choc de demande ». Ensuite parce que « la Fed a appris de la grande crise financière qu'elle doit être agile », avec pour objectif le maintien de « l'accès au crédit et au financement ». Et enfin parce qu'elle a fondé ses baisses de taux l'an dernier sur une doctrine assurantielle, « proactive » plutôt que « réactive ».

Révision en baisse
« La politique monétaire fonctionnant avec un certain décalage, le fait de procéder à des coupes maintenant permettra d'accélérer la reprise lorsque les inquiétudes concernant le coronavirus seront passées », juge aussi Satyam Panday, économiste chez S & P Global Ratings. Alors que l'activité a déjà ralenti aux Etats-Unis l'an dernier, à 2,3 %, les économistes ont commencé à réviser en baisse leurs prévisions de croissance en raison du coronavirus. Mercredi, Oxford Economics a indiqué ne plus tabler que sur 1,3 % de croissance aux Etats-Unis cette année, contre 1,7 % précédemment. Bank of America n'a révisé sa prévision de croissance que de 0,1 point, à 1,6 %.
Vendredi, la Réserve fédérale avait publié un communiqué assurant que la banque centrale utiliserait ses et agirait « comme il convient pour soutenir l'économie ». Après avoir baissé de 0,75 point les taux l'été et l'automne dernier, la Fed avait engagé une pause ces derniers mois. Avec des taux d'intérêt aujourd'hui plus élevés aux Etats-Unis qu'en Europe ou au Japon, la Réserve fédérale bénéficiait d'un outil immédiatement mobilisable, ce qui pourrait être plus compliqué pour d'autres pays.
La décision de la Fed n'a pas suffi à Donald Trump. « La Réserve fédérale est en train de réduire ses taux, mais elle doit encore assouplir sa politique et, surtout, s'aligner sur les autres pays/concurrents. Nous ne sommes pas sur un pied d'égalité. Ce n'est pas juste pour les Etats-Unis », a-t-il réagi sur Twitter, en inlassable défenseur d'une baisse des taux pour soutenir l'économie et la Bourse.
Auditionné au Congrès, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin a de son côté jugé que la Fed avait « bien fait de prendre les devants », sans annoncer de coup de pouce budgétaire. Samedi, Donald Trump avait confirmé qu'il envisageait une réduction d'impôts pour les classes moyennes avant l'élection présidentielle prévue début novembre. Les candidats démocrates étaient de leur côté trop accaparés par les élections du Super Tuesday pour réagir.
« Le Comité suit de près l'évolution de la situation et ses implications pour les perspectives économiques et utilisera ses outils et agira comme il convient pour soutenir l'économie », a de son côté indiqué la Réserve fédérale, signalant clairement qu'elle est prête à de nouvelles baisses de taux si nécessaire.
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