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Go Sport en redressement judiciaire : les salariés satisfaits, mais inquiets d'une éventuelle « casse sociale » - Le Monde

Devant un magasin Go Sport, à Melesse (Ille-et-Vilaine), le 16 janvier 2023.

Groupe Go Sport a été placé en redressement judiciaire, jeudi 19 janvier. « Par un jugement solidement motivé, le tribunal de commerce de Grenoble a constaté l’état de cessation des paiements de la société Groupe Go Sport et a ouvert une procédure en redressement judiciaire », a annoncé le parquet de Grenoble dans un communiqué. D’après les juges, « l’état de cessation des paiements est caractérisé au 5 janvier 2023 par un passif s’élevant à 14 047 957 euros ».

Le tribunal de commerce de Grenoble a donc suivi les avis des commissaires aux comptes, KPMG et EY, qui, à l’automne, avaient alerté sur la situation de cessation de paiements de l’entreprise, en dépit des dénégations de son actionnaire, le groupe Hermione People & Brands (HPB), détenu par la Financière immobilière bordelaise (FIB) de l’homme d’affaires Michel Ohayon.

Cette décision intervient après l’ouverture, en novembre 2022, d’une enquête préliminaire pour « abus de bien social », à la demande du parquet du tribunal de Grenoble, à la suite de la « révélation de faits délictueux » par les commissaires aux comptes. D’après des informations du quotidien Libération, publiées le 18 janvier, les enquêteurs entendent faire la lumière sur des transferts de fonds totalisant plus de 50 millions d’euros, opérés depuis la trésorerie de Groupe Go Sport, notamment vers Camaïeu, actif que détenait la FIB jusqu’en octobre, date de sa liquidation judiciaire. Le rachat de Gap, que la FIB avait imposé à Go Sport, pour un montant de 38 millions d’euros, interrogeait aussi les salariés.

« Pas dupés par les manipulations de l’actionnaire »

Le parquet de Grenoble avait requis l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire pour Go Sport, qui avait bénéficié de deux prêts garantis par l’Etat, en 2020 et 2021, pour un montant total de 55 millions d’euros. Les élus du personnel se félicitent de cette décision qui, d’après Christophe Lavalle, leur porte-parole, écarte « l’actionnaire [Michel Ohayon] de la prise de toute décision » et « fait échapper Groupe Go Sport à une procédure de conciliation qu’il souhaitait pour revendre l’entreprise ». « Les juges et le parquet ne se sont pas laissés duper par les manipulations de notre actionnaire », défend M. Lavalle.

Désormais, l’enseigne, qui emploie 2 160 salariés, est pilotée par deux administrateurs judiciaires, les cabinets FHB (à Lyon) et AJP (à Grenoble), pour une première période d’observation de six mois. Ils auront la tâche de réaliser l’inventaire du patrimoine du distributeur et de son endettement contracté à la suite du non-paiement de ses fournisseurs, prestataires et bailleurs. La décision du tribunal de commerce précise notamment que l’enseigne n’avait pas réglé les factures de Rossignol, fabricant de matériel de sports d’hiver, Puma, Adidas et Asics. Soit près de 4 millions d’euros d’impayés.

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